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Céline Pina : une militante infatigable pour l’égalité et la liberté d’expression

La liberté d’expression et l’égalité constituent des piliers fondamentaux de notre démocratie, pourtant ces valeurs semblent aujourd’hui fragilisées dans le débat public français. Comment préserver un espace de dialogue constructif dans une société de plus en plus polarisée? Quelle place accorder aux voix qui osent rompre avec les positions attendues de leur camp politique? Céline Pina incarne cette figure d’intellectuelle qui a choisi de suivre ses convictions plutôt que la ligne de son parti d’origine. Son parcours singulier, marqué par un engagement constant pour la défense des valeurs républicaines, mérite d’être examiné pour comprendre les enjeux contemporains qui traversent notre société.

Parcours et formation d’une intellectuelle engagée

Née en 1970 dans les montagnes iséroises, Céline Pina est issue d’une famille où son père exerçait comme dentiste pour la sécurité sociale minière de La Mure et sa mère comme professeure de dessin. Son parcours académique témoigne d’une solide formation intellectuelle avec un diplôme en sciences politiques obtenu à l’Institut d’études politiques de Grenoble, complété par un Diplôme d’Études Approfondies (DEA) d’administration publique. Après cette formation initiale, elle s’installe à Paris pour préparer un Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées (DESS) de gestion des collectivités locales.

Cette formation universitaire l’a conduite vers une carrière professionnelle au service des institutions publiques. Elle a travaillé au sein de diverses collectivités territoriales, occupant des postes tant dans l’administration que dans des cabinets, notamment auprès des maires de Pontoise et des Mureaux. Son expérience s’est enrichie durant sept années comme assistante parlementaire, d’abord au Sénat puis à l’Assemblée nationale jusqu’en janvier 2016. Cette immersion dans les rouages institutionnels lui a conféré une connaissance approfondie du fonctionnement politique français, nourrissant sa réflexion critique sur les dérives qu’elle observera plus tard.

De l’engagement politique à la prise de parole publique

L’engagement politique de Céline Pina s’est concrétisé par vingt années de militantisme au sein du Parti socialiste. Son implication l’a menée à exercer des mandats électifs locaux, d’abord comme adjointe au maire de Jouy-le-Moutier dans le Val-d’Oise à partir de 2008, puis comme conseillère régionale d’Île-de-France jusqu’en 2015. Entre 2012 et 2017, elle a occupé le poste de suppléante du député Dominique Lefebvre, complétant ainsi son expérience des différents échelons de la représentation politique.

La rupture avec sa famille politique s’est amorcée progressivement, culminant après les attentats terroristes de 2015. Face à ce qu’elle perçoit comme un déni des autorités devant la montée de l’islamisme, Céline Pina prend publiquement position contre le Salon de la femme musulmane organisé à Pontoise. Cette prise de parole marque un tournant décisif dans son parcours, la conduisant à s’affranchir des contraintes partisanes pour défendre ses convictions. Ne se représentant pas aux élections régionales, elle libère sa parole et entame une transition vers un rôle d’intellectuelle publique, intervenant comme chroniqueuse et essayiste dans divers médias.

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Le combat pour la laïcité et contre l’islamisme politique

L’année 2015 constitue un moment charnière dans l’engagement de Céline Pina. En réaction aux attentats terroristes qui ont frappé la France, elle fonde avec Fatiha Boudjahlat l’association « Viv(r)e la République », un mouvement citoyen visant à combattre l’islamisme politique et à défendre la laïcité. Cette initiative s’inscrit dans sa volonté de répondre à ce qu’elle considère comme une menace pour les valeurs républicaines. En 2024, cette association bénéficie d’un soutien financier du projet Périclès du milliardaire Pierre-Édouard Stérin, renforçant sa capacité d’action.

Sa position sur l’islamisme politique se caractérise par une distinction claire entre islam et islamisme. Pour Céline Pina, l’islamisme représente une idéologie politique totalitaire qui instrumentalise la religion à des fins de pouvoir. Elle dénonce ce qu’elle appelle « l’islam politique » comme une menace insidieuse qui progresse non pas uniquement par des actions spectaculaires mais par un travail de fond dans les territoires. Cette position l’a souvent isolée au sein de la gauche traditionnelle, où elle a été accusée d’islamophobie et de racisme par certains membres de sa famille politique d’origine, illustrant les tensions qui traversent le débat sur la laïcité en France.

Présence médiatique et contributions intellectuelles

La présence médiatique de Céline Pina s’est considérablement développée depuis sa rupture avec le Parti socialiste. Elle collabore régulièrement avec plusieurs médias, principalement positionnés à droite ou au centre-droit de l’échiquier politique. Depuis 2022, elle est membre de la rédaction du magazine Causeur, fondé par Élisabeth Lévy. Elle contribue régulièrement au Figaro, journal qui se définit comme « libéral mais pas dogmatique, conservateur mais pas passéiste », selon son directeur Alexis Brézet. On retrouve ses analyses dans Marianne, La Revue des Deux Mondes et sur Atlantico.

En 2020, Céline Pina participe à la création de la revue souverainiste Front populaire aux côtés du philosophe Michel Onfray, y publiant régulièrement des articles. Sa production littéraire comprend plusieurs essais, dont « Silence coupable » (Kero, 2016), où elle dénonce ce qu’elle perçoit comme un déni face à la progression de l’islamisme, et « Ces biens essentiels » (Bouquins, 2021), où elle s’interroge sur les liens qui unissent le peuple à son pouvoir. Elle anime une chronique hebdomadaire sur Sud Radio chaque vendredi à 8h10, où elle réagit à l’actualité « sans filtre ».

MédiaOrientation éditorialeType de contributions
CauseurDroite conservatrice, critique du politiquement correctArticles réguliers, membre de la rédaction depuis 2022
Le FigaroDroite et centre-droit, libéralisme classiqueTribunes et analyses politiques
Front populaireSouverainiste, critique de la mondialisationArticles de fond, participation aux conférences
Sud RadioRadio généraliste, ligne éditoriale conservatriceChronique hebdomadaire sur l’actualité
CNews/LCIChaînes d’information continue, ligne éditoriale de droiteInterventions comme chroniqueuse et débats

Positions sur le féminisme et critique des dérives identitaires

La vision du féminisme défendue par Céline Pina s’inscrit dans une tradition universaliste, en opposition aux approches qu’elle qualifie d’identitaires. Elle critique vivement certains mouvements féministes contemporains qu’elle accuse de détourner les luttes pour l’égalité au profit d’agendas communautaristes. Sa position sur le port du voile islamique est particulièrement tranchée : elle le considère comme « une censure du corps de la femme » et non comme un simple choix personnel ou une expression de liberté religieuse.

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Cette critique s’étend plus largement aux approches identitaires dans le débat public français. Pour Céline Pina, le communautarisme représente une menace pour l’unité républicaine et le vivre-ensemble. Elle dénonce ce qu’elle perçoit comme une fragmentation de la société en groupes définis par leur origine, leur religion ou leur orientation sexuelle, au détriment d’une citoyenneté commune. Cette position l’a amenée à signer en 2018 « l’appel des 100 intellectuels contre le séparatisme islamiste » ainsi que le « manifeste contre le nouvel antisémitisme », illustrant sa volonté de lutter contre ce qu’elle considère comme des dérives identitaires menaçant le pacte républicain.

Controverses et débats publics

Le parcours de Céline Pina est jalonné de controverses médiatiques qui témoignent de la polarisation du débat public français sur les questions d’identité, de religion et d’égalité. L’une des plus notables concerne ses propos tenus en octobre 2023 sur la chaîne CNews dans le contexte de la guerre Israël-Hamas. Commentant les bombardements israéliens à Gaza, elle a déclaré : « Une bombe qui explose tuera sans doute des enfants, mais ces enfants ne mourront pas en ayant l’impression que l’humanité a trahi tout ce qu’ils étaient en droit d’attendre ». Ces propos, largement relayés et parfois tronqués sur les réseaux sociaux, ont suscité de vives réactions, notamment dans les médias arabophones.

Une autre controverse significative concerne le procès pour « injure publique » intenté par Rokhaya Diallo suite à un article publié dans Le Figaro en 2018. Céline Pina y évoquait l’éviction de Rokhaya Diallo du Conseil national du numérique, attribuant cette décision non au « racisme d’État » comme le suggérait l’intéressée, mais à « son propre racisme, son sexisme et sa proximité avec la mouvance islamiste ». Ce procès s’est soldé par la relaxe de Céline Pina en novembre 2021, illustrant les tensions juridiques autour de la liberté d’expression dans le débat sur l’islamisme.

  • Controverse sur le Salon de la femme musulmane (2015) : Dénonciation par Céline Pina de discours qu’elle juge « violents, machistes et antisémites » lors de cet événement à Pontoise. Cette prise de position lui vaut des menaces d’exclusion du Parti socialiste et marque le début de sa rupture avec sa famille politique d’origine.
  • Procès contre Rokhaya Diallo (2018-2021) : Poursuivie pour « injure publique » après avoir évoqué le « racisme », le « sexisme » et la « proximité avec la mouvance islamiste » de Rokhaya Diallo dans un article du Figaro. Céline Pina est finalement relaxée en novembre 2021.
  • Propos sur Gaza (octobre 2023) : Déclaration controversée sur CNews concernant les bombardements israéliens à Gaza, largement relayée et critiquée. Le Conseil de déontologie journalistique a confirmé en janvier 2024 que le média « Mediavenir » avait altéré le sens de ses propos en ne reprenant pas l’intégralité de sa déclaration.

Impact et héritage intellectuel

L’influence de Céline Pina sur le débat public français se manifeste principalement dans sa contribution à la réflexion sur la laïcité, le féminisme et l’identité nationale. Sa voix, issue originellement de la gauche mais désormais plus difficile à situer sur l’échiquier politique traditionnel, illustre les recompositions idéologiques à l’œuvre dans le paysage intellectuel français. Son approche de la laïcité, qu’elle définit non comme un dogme mais comme « un état d’esprit et un mouvement d’élévation », a contribué à nourrir les discussions sur l’application de ce principe républicain face aux défis contemporains.

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Sa pensée suscite des réactions contrastées dans le paysage intellectuel français. Ses soutiens saluent son courage à défendre des positions parfois à contre-courant et sa fidélité aux principes républicains. Ses détracteurs, en revanche, l’accusent de stigmatiser les musulmans et de participer à un climat d’islamophobie. Cette polarisation des réactions témoigne de l’impact de ses prises de position dans un débat public français marqué par des tensions croissantes autour des questions identitaires. Son parcours illustre la difficulté à maintenir un dialogue constructif sur ces sujets sensibles, tout en révélant l’importance d’une pluralité de voix dans le débat démocratique.

Le prix de l’engagement : menaces et protection

L’engagement public de Céline Pina sur des sujets sensibles comme l’islamisme et la laïcité a entraîné des conséquences personnelles significatives. Suite à la controverse suscitée par ses propos sur Gaza en octobre 2023 et leur diffusion partielle sur les réseaux sociaux, elle a fait l’objet de menaces sérieuses qui ont conduit à sa mise sous protection policière. Cette situation illustre les risques encourus par ceux qui prennent position sur des sujets clivants dans le contexte français actuel.

Ce cas n’est pas isolé et s’inscrit dans un contexte plus large où plusieurs intellectuels et personnalités publiques françaises vivent sous protection en raison de leurs prises de position sur l’islam politique ou la laïcité. Cette réalité soulève des questions fondamentales sur l’état de la liberté d’expression en France aujourd’hui. Si le droit de s’exprimer librement est garanti par la loi, l’exercice concret de cette liberté se heurte parfois à des menaces qui peuvent conduire à l’autocensure ou au silence. Le cas de Céline Pina met en lumière la tension entre la nécessité d’un débat ouvert dans une démocratie et les risques personnels que peuvent encourir ceux qui y participent sur certains sujets.

Regard vers l’avenir

Les projets actuels de Céline Pina témoignent de son engagement continu dans le débat public français. Elle poursuit son travail de chroniqueuse à Causeur et sur Sud Radio, tout en participant activement aux activités de la revue Front populaire. Son association « Viv(r)e la République » continue de militer pour la défense de la laïcité et contre l’islamisme politique, bénéficiant désormais d’un soutien financier qui renforce sa capacité d’action.

Face aux défis contemporains de la société française, le discours de Céline Pina évolue tout en maintenant une cohérence dans ses principes fondamentaux. Dans une interview récente au JDD (juin 2024), elle critique vivement le Nouveau Front populaire, qualifiant cette alliance de « honte » en raison notamment de l’attitude de La France Insoumise suite aux attaques du 7 octobre 2023 en Israël. Cette position illustre sa préoccupation constante pour les valeurs républicaines et sa vigilance face à ce qu’elle perçoit comme des menaces pour la cohésion nationale. Le parcours de Céline Pina nous rappelle l’importance des intellectuels engagés dans le débat démocratique, qui contribuent à nourrir la réflexion collective sur les enjeux fondamentaux de notre société, même lorsque leurs positions suscitent la controverse.

Figures comme Céline Pina jouent un rôle essentiel dans notre démocratie en stimulant le débat et en questionnant les positions établies. Qu’on partage ou non ses analyses, sa contribution au dialogue public mérite d’être reconnue pour sa cohérence et son courage. Les thèmes qu’elle aborde – laïcité, identité, féminisme, liberté d’expression – continueront d’occuper une place centrale dans les discussions sur l’avenir de notre société. Vous avez désormais les clés pour approfondir votre réflexion sur ces questions complexes et former votre propre opinion, au-delà des simplifications et des caricatures qui dominent trop souvent le débat public.

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