L’histoire derrière « Tout le monde sait », le mème culte de Bouli qui envahit les réseaux sociaux
Avez-vous croisé récemment sur vos fils d’actualité ce bonhomme de neige au nez rouge accompagné de la phrase « Tout le monde sait » ? Ce personnage, Bouli, issu d’un dessin animé des années 80, connaît une renaissance spectaculaire sur les réseaux sociaux en 2025. Son visage rond et son expression figée servent désormais de véhicule à des vérités supposées universelles, souvent teintées d’ironie. Nous avons enquêté sur les origines de ce phénomène viral qui cumule des centaines de milliers de vues et s’est imposé comme l’un des mèmes francophones les plus populaires de l’année.
Qui est Bouli, ce bonhomme de neige devenu icône d’Internet ?

Bouli est le protagoniste d’une série télévisée d’animation française créée initialement en 1983 par Bernard et François Mourlhon, puis adaptée pour la télévision par Daniel et Roger Voinson. Diffusée entre 1989 et 1991 sur Antenne 2 (aujourd’hui France 2), cette série comptait 114 épisodes courts, dont 78 de quatre minutes et 36 de sept minutes. Le personnage principal est un petit bonhomme de neige doté de deux grands yeux noirs, d’un nez rouge rond rappelant celui d’un clown, d’un corps sphérique orné de deux boutons noirs, coiffé d’un chapeau gris et enveloppé d’une écharpe rouge caractéristique.
Le concept original de la série repose sur une prémisse touchante : face à la tristesse des enfants lorsque les bonhommes de neige fondent au printemps, la lune décide de faire renaître Bouli ainsi que sa famille et ses amis dans un pays magique où ils peuvent s’amuser sans craindre de fondre. Cette série, qui a marqué toute une génération d’enfants francophones, est restée dans l’inconscient collectif avant de ressurgir de façon inattendue sur les réseaux sociaux au début de l’année 2025, transformant ce personnage innocent en porte-parole ironique de notre époque.
Naissance du phénomène « Tout le monde sait » sur X

Le phénomène « Tout le monde sait » a pris son envol sur X (anciennement Twitter) grâce au compte @bouliboulibouli, créé en juin 2013 mais dont l’activité s’est intensifiée début 2025. Ce compte, qui affiche aujourd’hui près de 97 000 abonnés, publie régulièrement des messages accompagnés de l’image de Bouli et de la phrase « Tout le monde sait », suivie d’affirmations diverses. Le premier tweet viral de cette série remonte a quelques mois, en réponse à une publication de CNEWS, où le compte a simplement commenté « Tout le monde sait » – une formule qui allait devenir sa signature.
La formule a rapidement fait mouche auprès des internautes francophones. Les publications du compte atteignent désormais des centaines de milliers de vues, comme en témoigne un tweet du 17 juillet 2024 qui a cumulé plus de 194 000 vues. Le succès de ce format tient à sa simplicité désarmante et à sa capacité à s’adapter à tous les sujets d’actualité. La phrase « Tout le monde sait, mais personne ne le dit », variante apparue dans un tweet du 5 mai 2025, a encore renforcé la dimension subversive du mème, suggérant que Bouli ose exprimer des vérités que beaucoup pensent sans oser les formuler.
L’anatomie d’un mème viral : pourquoi ce phénomène fonctionne

Le succès fulgurant du mème Bouli s’explique par plusieurs facteurs qui correspondent parfaitement aux critères identifiés par les chercheurs pour qu’un contenu devienne viral. D’après une étude scientifique citée par Korben.info, 93% des mèmes viraux mettent en scène des personnages, et 84% comportent des expressions faciales. Bouli, avec son visage rond et son expression figée, offre un parfait support visuel pour véhiculer des messages ironiques.
La formule « Tout le monde sait » fonctionne comme un déclencheur cognitif puissant. Elle présuppose un consensus, une évidence partagée, tout en introduisant souvent des affirmations controversées ou subjectives. Cette tension entre l’universalité prétendue et la subjectivité réelle du propos crée un effet comique immédiat. La nostalgie joue un rôle non négligeable : Bouli réactive des souvenirs d’enfance chez les trentenaires et quarantenaires, tout en séduisant les plus jeunes par son esthétique rétro. Cette combinaison d’un personnage attachant issu de la culture populaire et d’une formule rhétorique efficace explique la propagation rapide du mème sur les réseaux sociaux.
Les différentes variantes du mème

Comme tout mème populaire, Bouli a connu diverses déclinaisons graphiques qui enrichissent son univers visuel. La communauté des internautes s’est rapidement approprié le personnage en créant plusieurs versions alternatives, chacune avec ses caractéristiques propres. Les plus notables sont la version « PS1 » qui imite les graphismes pixelisés des jeux de la première PlayStation, et la version « Universal » qui parodie le style des films d’animation des grands studios. Ces variations permettent d’adapter le mème à différents contextes et de renouveler son potentiel humoristique.
Un véritable « Gang des Bouli » s’est constitué sur X, regroupant plusieurs comptes qui reprennent l’image du bonhomme de neige et sa phrase fétiche. Cette multiplication des avatars Bouli a contribué à l’omniprésence du mème sur la plateforme et à sa reconnaissance immédiate par les utilisateurs. Le phénomène a été documenté sur Reddit, où les internautes partagent et commentent les différentes itérations du mème.
Version du mème | Caractéristiques visuelles | Usage typique |
---|---|---|
Bouli classique | Image originale du dessin animé, haute définition | Commentaires sur l’actualité, vérités générales |
Bouli PS1 | Version pixelisée, basse résolution, effet 3D primitif | Références à la culture gaming, nostalgie des années 90 |
Bouli Universal | Style animation 3D moderne, rendu lisse | Parodies de la culture mainstream, critiques sociétales |
Bouli minimaliste | Silhouette simplifiée, couleurs unies | Messages politiques, slogans percutants |
L’impact culturel et social de la formule « Tout le monde sait »

Au-delà de sa dimension humoristique, le mème « Tout le monde sait » s’est imposé comme un outil de commentaire social particulièrement efficace. La formule permet d’aborder des sujets sensibles sous couvert d’humour, tout en suggérant qu’il s’agit de vérités évidentes mais rarement exprimées. Cette dimension subversive explique son utilisation fréquente pour commenter l’actualité politique et sociale.
Un exemple frappant de cet usage se trouve dans un tweet du compte @bouliboulibouli daté du 5 mai 2025, qui affirme : « Tout le monde sait, mais personne ne le dit ». Cette formulation cryptique invite les internautes à compléter mentalement la phrase avec leurs propres « vérités indicibles ». Dans un autre tweet du 9 janvier 2025, le simple « Tout le monde sait » en réponse à une publication de CNEWS a généré plus de 2 600 vues et de nombreuses interactions. Cette capacité à condenser un commentaire social en une formule minimaliste fait du mème Bouli un vecteur d’opinion particulièrement puissant sur les réseaux sociaux, où la concision est reine.

Comment le mème Bouli s’inscrit dans l’histoire des phénomènes Internet

Le mème Bouli s’inscrit dans la riche tradition des mèmes francophones qui ont marqué la culture web ces dernières années. Selon la définition de Wikipédia, un mème Internet est « un élément ou un phénomène repris et décliné en masse sur Internet », prenant souvent la forme d’une image avec ou sans légende. Le terme dérive du concept de « mème » proposé par Richard Dawkins en 1976, par déformation du terme « mimesis » (imitation en grec ancien).
Contrairement à d’autres mèmes français célèbres comme « Je suis pas venue ici pour souffrir » de Meryem Benoua ou « je sui a laeropor bisouuuu je manvol » de Morsay, le mème Bouli se distingue par sa sobriété visuelle et sa formule invariable. Là où certains mèmes reposent sur des expressions faciales exagérées ou des situations comiques, Bouli tire sa force de son impassibilité et de sa phrase minimaliste. Cette approche rappelle davantage les mèmes anglo-saxons basés sur des personnages stoïques comme « Wojak » ou « NPC », tout en conservant une identité culturelle française forte grâce à ses racines dans un dessin animé local.
Le futur de Bouli et de sa phrase culte

L’avenir du mème Bouli semble prometteur, avec une communauté active et croissante. Le compte principal @bouliboulibouli continue de gagner des abonnés, approchant les 100 000 followers, signe que le phénomène n’a pas atteint son plafond. Nous observons une diversification progressive des usages du mème, qui s’étend au-delà de X vers d’autres plateformes comme TikTok, où des créateurs commencent à l’incorporer dans leurs vidéos.
Une question se pose : Bouli réussira-t-il à transcender son statut de mème pour s’inscrire durablement dans la culture populaire ? L’histoire des mèmes montre que seuls quelques-uns parviennent à cette consécration. Le potentiel commercial du phénomène n’a pas échappé aux observateurs : des produits dérivés (t-shirts, stickers) commencent à apparaître sur des sites de e-commerce, suivant un parcours similaire à celui du mème « je sui a laeropor » de Morsay. Les détenteurs des droits du personnage original pourraient saisir cette opportunité pour relancer la licence auprès des nouvelles générations.
Voici les moments clés qui ont jalonné l’ascension fulgurante du mème Bouli :
- Juin 2013 : Création du compte @bouliboulibouli sur Twitter (devenu X)
- Janvier 2025 : Premier tweet viral avec la formule « Tout le monde sait » en réponse à CNEWS
- Avril 2025 : Apparition des premières variantes graphiques (versions « PS1 » et « Universal »)
- Mai 2025 : Évolution de la formule avec « Tout le monde sait, mais personne ne le dit »
- Mai 2025 : Le compte atteint près de 97 000 abonnés, confirmant l’installation durable du mème dans le paysage numérique français
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