Eric Ciotti, figure emblématique de la droite française, a récemment défrayé la chronique en annonçant une alliance inattendue avec le Rassemblement National pour les élections législatives de 2024. Cette décision audacieuse a provoqué un séisme au sein des Républicains, conduisant à son éviction de la présidence du parti. Cet événement marque un tournant dans la carrière d’un homme politique dont le parcours, depuis ses débuts à Nice jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir, ne cesse d’intriguer et de diviser l’opinion publique.

L’ascension politique d’un Niçois ambitieux

Né le 28 septembre 1965 à Nice, Eric Ciotti a gravi les échelons de la politique française avec une détermination sans faille. Diplômé de Sciences Po Paris en 1988, il fait ses premiers pas en politique aux côtés de Christian Estrosi, devenant son collaborateur parlementaire à seulement 23 ans. Cette expérience forge son ambition et lui permet de tisser un réseau précieux au sein du Rassemblement pour la République (RPR).

Sa carrière prend un tournant décisif en 2007 lorsqu’il remporte son premier mandat de député dans la 1ère circonscription des Alpes-Maritimes. Réélu en 2012, 2017 et 2022, il s’impose comme une figure incontournable de l’Assemblée nationale, notamment en occupant le poste stratégique de questeur à partir de 2018. Parallèlement, il consolide son ancrage local en devenant président du conseil général des Alpes-Maritimes en 2008, succédant à son mentor Christian Estrosi.

Des racines méditerranéennes

Les origines d’Eric Ciotti sont profondément ancrées dans la culture méditerranéenne. Fils d’un père d’origine italienne, il incarne cette double identité franco-italienne si caractéristique de la région niçoise. Cet héritage culturel a indéniablement façonné sa vision politique, marquée par un fort attachement aux valeurs traditionnelles et à l’identité régionale.

Son enracinement dans les Alpes-Maritimes se reflète dans son engagement politique local. De son poste de premier adjoint à la mairie de Nice à la présidence du conseil général, Eric Ciotti a toujours mis en avant les intérêts de sa région. Cette proximité avec le terrain lui a permis de développer une compréhension fine des enjeux locaux, qu’il a su transposer au niveau national dans ses fonctions de député et de cadre des Républicains.

Portrait physique du député des Alpes-Maritimes

La stature d’Eric Ciotti a souvent été source de commentaires dans le monde politique. Mesurant 1,60 mètre, sa petite taille contraste avec l’image traditionnelle du politicien imposant. Cette particularité physique a parfois été utilisée pour le railler, notamment lors de joutes verbales à l’Assemblée nationale.

Un épisode marquant illustre cette situation : lors d’une séance de questions au gouvernement, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, n’a pas hésité à faire une remarque sur la taille du député, provoquant l’hilarité de l’hémicycle. Loin de se laisser déstabiliser, Eric Ciotti a su transformer cette caractéristique en atout, affirmant sa personnalité et ses convictions avec d’autant plus de force.

L’homme derrière le politicien

À 58 ans, Eric Ciotti mène une vie personnelle discrète, en contraste avec son exposition médiatique. Père de trois filles – Bénédicte (33 ans), Jeanne-Marie (15 ans) et Anne-Julie (9 ans) – il a toujours veillé à préserver l’intimité de sa famille. Divorcé de Caroline Magne depuis 2017, il maintient une séparation nette entre sa vie publique et privée.

Sa fille aînée, Bénédicte, semble avoir hérité de l’esprit entrepreneurial de son père. Directrice administrative et financière, elle a fondé en 2018 une marque alimentaire bio, « Comète Compagnie ». Cette réussite professionnelle témoigne des valeurs de travail et d’initiative que le député a su transmettre à ses enfants.

Le patrimoine d’un élu controversé

Le patrimoine d’Eric Ciotti, comme celui de nombreux hommes politiques, a fait l’objet d’un examen minutieux. Sa déclaration patrimoniale révèle un patrimoine modeste pour un élu de son rang :

• Une maison à La Colle-sur-Loup, acquise en 2009 pour 580 000 euros, financée par trois prêts d’un montant total de 480 000 euros.
• Des meubles et objets divers estimés à 40 000 euros.
• Des valeurs mobilières, comptes bancaires et livrets d’épargne pour un total de 50 000 euros.
• Un véhicule Peugeot 3008.

Cette transparence, bien que louable, n’a pas empêché les polémiques. Certains ont questionné la modestie de ce patrimoine au regard de la longue carrière politique du député. Ces interrogations soulignent la méfiance persistante du public envers la classe politique et la nécessité d’une transparence accrue.

Les positions politiques qui font débat

Eric Ciotti s’est forgé une réputation de figure de la droite dure au sein des Républicains. Ses positions sur l’immigration et la sécurité, en particulier, ont souvent suscité la controverse. Il prône une réduction drastique de l’immigration légale et illégale, une position qui le rapproche des idées défendues par l’extrême droite.

Sur la sécurité, Eric Ciotti défend une ligne de fermeté absolue. Il a notamment proposé la création d’un « Guantanamo à la française » pour les terroristes, une idée qui a provoqué un tollé jusque dans son propre camp. Ces positions clivantes lui ont valu d’être qualifié d' »ultraconservateur » par ses détracteurs, mais ont également renforcé son image auprès d’un électorat en quête de solutions radicales.

L’alliance inattendue avec l’extrême droite

Le 13 juin 2024, Eric Ciotti a créé la surprise en annonçant une alliance entre Les Républicains et le Rassemblement National pour les élections législatives. Cette décision, prise sans consultation des cadres du parti, a provoqué une crise interne majeure. Les réactions ont été immédiates et virulentes, avec des figures comme Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez appelant à une « clarification ».

Eric Ciotti justifie ce choix par la nécessité de « servir le pays qui est en danger » et de faire face à « l’impuissance du macronisme ». Il affirme que cette alliance ne signifie pas une fusion avec le RN, mais plutôt un accord stratégique sur certaines circonscriptions. Cette décision marque un tournant historique dans la politique française, brisant le « cordon sanitaire » qui existait entre la droite traditionnelle et l’extrême droite.

Un avenir politique incertain

L’alliance avec le Rassemblement National a coûté à Eric Ciotti sa place à la tête des Républicains. Exclu du parti qu’il présidait, il se retrouve dans une position délicate. Cependant, sa réélection comme député dans la première circonscription de Nice, avec 45,14% des suffrages exprimés, montre qu’il conserve une base électorale solide.

L’avenir politique d’Eric Ciotti dépendra de sa capacité à capitaliser sur cette alliance controversée. Deux scénarios se dessinent : soit il parvient à créer une nouvelle force politique rassemblant la droite dure et une partie de l’extrême droite, soit il se retrouve marginalisé, pris entre un RN qui n’a pas besoin de lui et une droite traditionnelle qui le rejette. Dans tous les cas, son parcours continuera d’influencer le paysage politique français dans les années à venir.

Eric Ciotti incarne les bouleversements profonds que connaît la droite française. Son parcours, de jeune militant niçois à figure nationale controversée, illustre les tensions qui traversent la politique française. Qu’on approuve ou non ses choix, force est de constater que son impact sur le débat public est considérable. L’histoire jugera si son alliance avec l’extrême droite aura été un coup de maître ou le chant du cygne d’une carrière politique hors norme.